Via Francigena

La via Francigena (pouvant se traduire par la « voie qui vient de France ») est un réseau de routes et chemins empruntés par les pèlerins venant de « France » (aussi bien l’actuel pays de France que le sud de l’Allemagne longtemps considéré comme « le pays des Francs ») pour se rendre à Rome. Il serait trop restrictif de l’identifier au seul itinéraire de Sigéric, archevêque de Cantorbéry, qui effectua le trajet en 990 et en laissa la description dans un document qui récapitule ses 80 étapes, lors du voyage de retour depuis la « ville éternelle » jusqu’au siège de son évêché. Toutefois, le voyage de Sigéric permet de donner un visage aux millions de pèlerins qui se sont rendus à Rome depuis les différentes provinces françaises.

 

À l’instar du chemin de Compostelle, c’est une importante voie de pèlerinage médiévale qui a été récemment l’objet d’études, d’un balisage et d’une reconnaissance en 2004 par le Conseil de l’Europe comme «grand itinéraire culturel du Conseil de l’Europe».

 

La via Francigena inclut notamment, à rebours, le chemin de Saint-Jacques des Italiens (permettant d’atteindre la via Tolosana ou la via Gebennensis). Prolongée au-delà de Rome, la via Francigena du Sud permet d’atteindre le sanctuaire de Monte Gargano à Monte Sant’Angelo (par la via Micaelica) et les ports d’embarquement apuliens vers la Terre sainte.

 

« Tous les chemins mènent à Rome » : il n’y avait pas d’itinéraire unique pour se rendre au tombeau de saint Pierre dans la basilique Saint-Pierre du Vatican à Rome. C’était avec celui de Jérusalem (lieux saints : Bethléem, Saint-Sépulcre, etc. : les pèlerins étaient appelés « paulmiers ») et celui de Compostelle (tombeau de Saint Jacques : les pèlerins étaient appelés « jacquets »), l’un des trois grands pèlerinages chrétiens. Les pèlerins de Rome étaient appelés « roumieux » ou « romées » (d’où le prénom italien Romeo).

 

Le « chemin des Francs » (via Francigena) est l’équivalent du Camino francés de Compostelle : c’est la voie suivie par un grand nombre de pèlerins, venus ici du nord des Alpes, là du nord des Pyrénées.

 

 Itinéraire de Sigéric : un des itinéraires importants est matérialisé par le tracé du voyage entrepris en 990 par Sigéric de Cantorbéry, archevêque de Cantorbéry (primat de l’Église d’Angleterre), qui se rendit à Rome afin d’y rencontrer le pape et recevoir le pallium des mains du pape Jean XV. Sigéric décrit précisément les 80 étapes de son itinéraire dans un texte qui nous est parvenu.  Le parcours compte près de 1 700 kilomètres à partir de Cantorbéry.  Le chemin passe ensuite à Patrixbourne, Shepherdswell et Douvres.

 

Après le franchissement de la Manche, la via Francigena passe en France par Wissant, Landrethun le Nord, Arras, Laon, Reims, Châlons-en-Champagne, Bar-sur-Aube, Langres,Champlitte, Besançon et Pontarlier.  En Suisse, par Lausanne, Saint-Maurice, le col du Grand-Saint-Bernard; en Italie, Aoste, Ivrée, puis Verceil, Pavie, Fidenza, Lucques, Poggibonsi, Sienne, Bolsène, Montefiascone, Viterbe, pour rejoindre Rome et la basilique Saint-Pierre au Vatican en empruntant l’antique via Cassia et enfin la via Triumphalis (longeant le mont Mario).  Les étapes du manuscrit de Sigéric (environ 20 km par jour) servent de base à l’itinéraire actuel.

 

 Autre itinéraire historique : un autre parcours historique passe en France par Troyes, Dijon, Lyon, Chambéry, Saint-Jean-de-Maurienne, Lanslebourg et le col du Mont-Cenis, et en Italie par le val de Suse, l’abbaye de la Novalaise, Suse, Saint-Michel-de-la-Cluse, Turin et Verceil (ou Pavie).

 

La via Francigena n’est pas identifiable par un symbole aussi connu que la coquille de Saint-Jacques-de-Compostelle. En l’absence de signalétique officielle, le balisage peut revêtir diverses formes selon les pays mais intègre habituellement la figure d’un pèlerin.  L’association Via Francigena (fondée à Martigny en 1997 par Adelaide Trezzini) publie des guides, effectue des études et soutient la mise en place d’un balisage et de structures d’accueil sur l’ensemble du parcours. Ce chemin, qui se fait traditionnellement à pied, est également un itinéraire cyclable EuroVelo (EV 5 – Via Romea Francigena) sur un parcours différent.

 

 Le Jubilé de l’an 2000 et les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) ont marqué une étape dans le renouveau de ce chemin.  Lors du 500e anniversaire de la Garde suisse pontificale, en 2006, d’anciens gardes suisses se sont rendus à Rome par la via Francigena, à pied, pour commémorer leur appel par le pape Jules II en 1506.

 

La via Francigena en Italie[modifier. À l’initiative de la Toscane et sous l’égide du Ministère italien de la culture, un projet regroupant plusieurs régions d’Italie travaille à une revitalisation du parcours, sur le modèle du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. L’objectif de ce projet est de proposer un « produit culturel » et de permettre aux régions traversées d’en tirer le meilleur profit économique. Ce projet aura pour conséquence une certaine « industrialisation » du chemin qui n’était guère fréquenté jusqu’au début des années 2000.